L'Inédit

par notreHistoire


Mon petit frère

Coll. L. Chevalley/notreHistoire.ch

Notre série « La rue de mon enfance » rassemble des textes inédits et des récits préalablement publiés par les membres de notreHistoire.ch sur la plateforme. Liliane Chevalley évoque ici la Rue de la Carrière 14, dans le quartier de Beauregard, à Fribourg. Sur la photo, elle pose avec son frère Georges.

En 1934, jeune marié, mon père Henri commençait sa vie professionnelle à la Brasserie Beauregard, à Fribourg. Son choix a certainement été motivé parce qu’il aimait les chevaux. Il s’occupait de Misoxe, une jument demi-sang qui appartenait au directeur Marcel Guhl. Tous les matins mon père se levait à 5 h. pour aller à l’écurie changer les litières, nourrir les chevaux et les préparer pour la tournée, c’est-à-dire livrer la bière et la glace dans les cafés de Fribourg et en campagne. Ecolière je lui demandais de me réveiller pour déjeuner avec lui, ensuite je révisais mes leçons. J’ai eu l’occasion de l’accompagner dans ses livraisons. J’ai le souvenir d’une descente enneigée qui menait au café des Bains de Bonn. J’ai dû descendre du char, mon père craignait que le char glisse. Les Bains de Bonn ont disparu par la construction en 1963 du barrage de Schiffenen et de son lac artificiel.

Nous habitions tout prêt de la Brasserie Beauregard à la Rue de la Carrière 14, au 3e étage dans un 3 pièces sans confort. Pour chauffer, un fourneau à bois situé dans le corridor. Ma maman Olga cuisinait sur un potager à bois. Dans la buanderie il fallait chauffer l’eau au bois et cuire le linge dans deux cuves. Mon père avait le souci d’avoir assez de bois qu’il commandait par stères. Les bûches étaient sciées par M. Baeriswyl, scieur professionnel, qui venait avec sa machine devant la maison. Les enfants accouraient pour regarder cette machine impressionnante et qui faisait beaucoup de bruit.

La rue était à nous, jouer à la balle et aux poletz (jeu de billes), sauter à la corde, cache-cache, luger. Lorsque la cloche de la Brasserie sonnait la fin de la journée de travail, nous savions que nous devions rentrer à la maison. « La guerre est finie, la guerre est finie », cette annonce de joie, c’est aussi dans la rue que j’ai appris l’armistice, j’avais 10 ans.

Encore un souvenir: à la ruelle Saint-Vincent j’ai fréquenté l’école enfantine tenue par les sœurs de Saint-Vincent de Paul, je n’ai pas oublié les cornettes blanches. (Le texte original est illustré d’autres photos du quartier, à différentes époques. Cliquez ici pour y accéder).

A consulter également sur notreHistoire.ch

D’autres documents photographiques et des vidéos des Archives de la RTS sur la brasserie Beauregard.

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Affiche de l'exposition des chefs-d'œuvre du Prado

Coll. Musée d'art et d'histoire Genève/notreHistoire.ch

Cette série est conçue en partenariat avec les Archives des Nations Unies à Genève, qui ont publié sur notreHistoire.ch des documents, principalement des photographies, sources du travail des historiens et des journalistes que L’Inédit réunit pour l’occasion. Retrouvez les articles de cette série en cliquant ici.

Malgré les accords de Munich de septembre 1938, la guerre paraît inéluctable en cet été 39. Le Royaume-Uni et la France ont entamé la mobilisation de leurs troupes. La Société des Nations s’est vidée de toute substance. Et en Espagne la guerre civile s’est terminée le 1er avril 1939 avec l’écrasement des Républicains. Le général Franco impose la dictature sur un pays saigné à blanc.

Mais Genève se distrait de cette lourde atmosphère avec une exposition aussi exceptionnelle qu’incongrue. Les Chefs-d’œuvre du Musée du Prado brillent tout l’été au Musée d’art et d’histoire. «Le 13 février 1939, deux trains venant d’Espagne, plus chargés de trésors que les caravanes de la reine de Saba, déposaient à Genève une cargaison de chefs-d’œuvre que le gouvernement rouge de la République espagnole, redoutant la destruction de Madrid, ou tout au moins l’incendie du Prado, confiait à la Société des Nations,» raconte cet été-là La Revue des Deux Mondes, un mensuel littéraire français, résolument conservateur à l’époque.

Echapper aux bombes de la Luftwaffe

Cette opération de sauvetage a commencé aux premiers jours de la guerre civile, après le coup d’État raté de hauts gradés de l’armée espagnole. Le 18 juillet 1936, le gouvernement républicain met en place un Comité central du trésor artistique chargé de sauvegarder le patrimoine artistique des musées, alors que les bombardements s’amplifient au cours de la guerre avec l’intervention de la Luftwaffe du IIIe Reich.

Les tableaux du Prado sont passés par Valence et Barcelone avant d'arriver à la Société des Nations.

Coll. Archives des Nations Unies Genève/notreHistoire.ch

L’avancée brutale et continue des troupes nationalistes incite le gouvernement républicain à évacuer les œuvres d’art du Musée du Prado à Madrid. Elles sont transportées à Valence, puis en Catalogne. En février 1939, alors que la République espagnole est au bord de l’effondrement, un Comité international, constitué de neuf représentants des principaux musées européens – dont le Musée d’art et d’histoire de Genève – signent avec les Républicains un accord à Figueras, ville frontalière de la France. L’accord permet à la dernière minute l’évacuation des œuvres espagnoles au siège de la Société des Nations (SdN) à Genève.

Mais leur pérégrination ne tarde pas à reprendre. À peine la victoire du général Franco reconnue, les œuvres sont formellement restituées à l’ambassadeur de Franco à Berne, le 30 mars. Dès le mois de mai, les œuvres d’art repartent en Espagne, par convois successifs.

Le Comité international à l’origine du sauvetage essaie, néanmoins, d’organiser une exposition à Genève. Pour le nouveau régime, il n’est pas question de négocier avec ce comité, encore moins avec la SDN où l’agression militaire des Franquistes avait été mollement condamnée. Désormais à la tête du gouvernement, Franco ne rejette pas le projet d’exposition. Ses représentants en négocient les modalités avec la ville de Genève et Musée d’art et d’histoire, sous l’œil bienveillant de Berne.

Un accord de dernière minute a parmi le transfert des tableaux vers Genève.

Coll. Archives des Nations Unies Genève/notreHistoire.ch

Pour Franco, cette exposition est une occasion inespérée de présenter son régime sous un jour particulièrement avenant. De quoi faire oublier le pavillon de l’Espagne républicaine à l’Exposition universelle de 1937 à Paris. Clou de ce modeste pavillon, le tableau Guernica exécuté par Picasso pour y être exposé.

Un cadeau à la civilisation européenne

L’Exposition des Chefs-d’œuvre du Musée du Prado s’ouvre pour trois mois le 1er juin 1939. Dans son édition du jour, le Journal de Genève donne le ton: «Aux dernières heures des suprêmes batailles, une fortune singulière et terrible, puisque nous la devons à la guerre, voulut que les chefs-d’œuvre des Musées et des collections particulières d’Espagne, fuyant l’incendie et les bombes, trouvassent refuge à Genève. Par courtoisie, avec une gentillesse magnifique, le gouvernement espagnol nous fait la générosité d’en permettre l’exposition au Musée d’Art et d’Histoire… »

La gauche genevoise dénoncera la propagande pro-franquiste faite avec l'exposition des chefs-d'oeuvre du Prado.

Coll. Archives des Nations Unies Genève/notreHistoire.ch

Lors du vernissage, le conseiller fédéral Marcel Pilet-Golaz se lance dans un hommage énamouré à l’Espagne: «Mes remerciements s’adresseront surtout au marquis d’Aycinena, ministre d’Espagne à Berne, et, par son obligeante entremise, au gouvernement de son pays. Je l’assure, avec une sincérité inspirée par une véritable reconnaissance, que nous mesurons tout le prix du don magnifique — c’est le mot — dont nous sommes si libéralement comblés», rapporte le Journal de Genève.

Le ministre suisse ne s’en tient pas aux usages diplomatiques. C’est une élégie qu’il prononce: «L’Espagne qui vient, au cours de luttes où l’héroïsme n’eut d’égal que la ténacité, de rétablir son unité menacée, d’affirmer son inébranlable volonté de rester maîtresse de ses destins, de prouver qu’elle est capable, quoi qu’il en puisse coûter, de conserver dans le monde la place due à son présent comme à son passé ; l’Espagne dont le territoire, pendant près de trois ans, s’est couvert de ruines et de tombes ; l’Espagne que l’on aurait pu croire épuisée par l’effort sans pareil qu’elle a vaillamment soutenu ; l’Espagne qui aurait eu le droit de ne songer qu’à elle, de s’absorber à cicatriser ses blessures, à reconstituer ses forces, à recouvrer ses trésors, dispersés par la tourmente ; l’Espagne, dis-je, sans avoir envers nous aucune dette matérielle ou morale, nous consent, par générosité pure, un véritable sacrifice : elle nous confie ses œuvres d’art les plus précieuses. Certes, nous comprenons bien que ce n’est pas à nous seuls, Suisses, qu’elle fait cet inestimable cadeau, mais à la civilisation européenne, pour lui rappeler sa grandeur, sa mission et ses devoirs.»

La politique d’accommodement avec les puissances de l’Axe qu’il défendra l’année suivante comme ministre des Affaires étrangères est aussi une forme d’adhésion de la part de Pilet-Golaz. Des sympathies qui sont loin d’être partagées par tous. La gauche a dénoncé la propagande faite autour de cette exposition.

En témoigne le billet d’une revue genevoise – Le Réveil Anarchiste – publiée le 24 juin 1939. C’est un regard halluciné et féroce porté sur l’exposition:

«Quelle histoire ! quelle tragédie ! Velasquez, Zurburan, El Greco ! Franco et l’Espagne meurtrie, massacrée ! Goya : « Les Désastres ». À l’entrée, dans le hall, une toile immense : sur un fond soufre et noir, se dresse une femme : la République, tenant couché sur ses bras un enfant sanglant, déchiqueté ; à ses pieds, des cadavres. Toute la toile sabrée de sang. Au bas du tableau, non pas des adorateurs ou des donateurs, mais dans une scène carnavalesque des gueules de « Saint-Isidore » du 3 mai 1808, des «horreurs de la guerre», des bannières du Sacré-Cœur, des crucifix, des légionnaires maroco-italo-allemands, le Loyal offrant son épée a la Vierge, le Magnanime dont la charité a flamboyé sur Guernica, Madrid, Barcelone, etc…, et dont la gentillesse crépite à travers toute l’Espagne, entouré de diplomates, de dignitaires de la Banque et de l’Eglise, de toute l’élite morale et spirituelle, de tous les spécialistes de l’infamie, pataugeant dans la boue et le sang, avec déjà des contorsions de reprouvés. C’est Goya : les caprices, la guerre, les proverbes, « Nada ». On passe de salle en salle, bouleversé. Chacun de ces chefs-d’œuvre rappelle la tragédie, la trahison des chefs militaires, la lâcheté des démocraties, les combats inégaux, les massacres, la perfidie, l’infamie, et les efforts républicains à qui l’on doit de contempler ce magnifique trésor d’art. La gorge serrée, accablée de tristesse et de honte. On pense que cette exposition est une accusation terrible et que la tribu des laudateurs aura beau faire, elle ne réussira pas à donner le change. On sort de là plus ferme et décidé à la lutte. »

Un succès immense

Ouverte pendant 3 mois, l’exposition attire près de 400’000 visiteurs. C’est la plus visitée du Musée d’art et d’histoire jusqu’à aujourd’hui. Dans son édition du 28 juin 1940, le Journal de Genève donne une idée de ses retombées économique: «L’exploitation de l’Hôtel Métropole en 1939 solde par un bénéfice de fr. 8362, en regard d’une perte de fr. 3169 en 1938. Grâce aux recettes exceptionnelles dues aux visiteurs de l’Exposition du Prado, le chiffre d’affaires à fin août était supérieur de 37% à celui de l’année précédente. Le dernier trimestre de 1939 a été, malgré les événements, un peu meilleur que celui de 1938, de sorte que les recettes totales se sont élevées à fr. 250.077, contre 224.700 en 1938 et 222.000 en 1937.»

L’exposition ferme le 31 août 1939. Le lendemain, les armées nazies envahissent la Pologne.■

A consulter également sur notreHistoire.ch

D’autres documents dans la galerie consacrée à la SDN et une série de documents sonores des Archives de la RTS

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Gaston Cherpillod

Coll. Archives de la RTS/notreHistoire.ch

Le 10 octobre 2012, au lendemain de sa mort, une simple brève de l’Agence télégraphique suisse est reprise dans de nombreux médias : l’écrivain et poète romand Gaston Cherpillod n’est plus. Cela montre le peu d’importance que l’on a consacré à un auteur de talent n’appartenant pas au « star system ». Ecrivain socialement déclassé, comme il se plaisait maintes fois à le répéter dans des entretiens, mais aussi écrivain déclassé des librairies. Il est difficile de trouver ses livres en rayons ; au final, qui décide de l’importance d’une œuvre et d’un auteur. Le marché ? Le public ? Ou les médias ?

Semi-reclus dans sa maison de la Vallée de Joux, « l’affreux des lettres romandes » comme il se définissait, n’a cessé, jusqu’au bout de ses jours, de nous dire le monde sous une forme libre, personnelle et anarchiste. Même l’étiquette d’anarchiste ne lui correspond pas. Son anarchisme est celui d’un homme indépendant et seul, que rien ni personne ne peut corrompre; nullement l’appartenance à un quelconque mouvement anarchiste. Frondeur. Oui et excessivement. On devrait l’appeler Cherpillod, l’anarcho-frondeur.

L’écrivain Jean-Michel Olivier, Prix Interallié 2010 pour son livre L’amour nègre, et responsable, à l’époque, de la collection Poche Suisse chez L’Age d’Homme dira de lui qu’il « avait une sacrée tronche ». Un compliment.

Né en 1925 dans une famille d’ouvriers, Gaston poursuivra et terminera des études classiques (grec et latin); matières qu’il enseignera plus tard en tant que professeur.

Politiquement, il reste fidèle à son milieu en adhérant au Parti ouvrier populaire (POP) qu’il quittera par anti-conformisme et critique de la gauche institutionnelle et, plus tard, après 1968, du gauchisme bourgeois aussi. On le retrouvera dans la marge d’une pensée écologiste minoritaire mais qui lui correspond mieux et bien.

Ses positions assumées vis-à-vis de la gauche socialiste lui vaudront d’être licencié de son poste d’enseignant. En Suisse, dans les années 50, on ne rigole pas avec l’ouvriérisme. Il s’exilera au Locle puis au Sud de la France. Révolutionnaire, il le restera toute sa vie, par amour des petites gens, mais débarrassé des liens toxiques des idéologies dominantes malgré l’appartenance à différents partis minoritaires de gauche jusque dans les années 1980. En 1986, il sera candidat au Conseil d’Etat à Lausanne.

Libre et lyrique, il l’est. En 1965, Cherpillod publie Le Chêne brûlé, son plus beau livre. Avec nostalgie, virulence et réalisme, il parle de son enfance et y règle aussi des comptes, comme il le dit. Sa narration est intime et sublime. Il l’ancre dans sa terre natale vivante et populaire. Une écriture enracinée et ouverte à l’autre. Un délicat auto-portrait qui décrit un monde disparu et la solitude de celui qui a dû rompre avec son milieu originel sans jamais le trahir.

Dès 1970, avec son livre Promotion Staline, il intègre la maison d’édition L’Age d’Homme fondée à Lausanne par l’éditeur visionnaire et de talent Vladimir Dimitrijevič. Pratiquement toute son œuvre y sera publiée. Il écrira des romans, de la poésie et du théâtre. Vladimir Dimitrijevič savait repérer les meilleurs et prenait le risque de les publier.

L’intransigeance anti-bourgeoise est une constante dans l’œuvre de Cherpillod. Il n’oublie pas l’exploitation vécue et subie par cette classe sur sa propre famille. Avec raison, il gardera une haine viscérale contre les nantis et sa langue mûrira sous cette saine et juste révolte.

Pour lui, l’acte d’écriture est douleur qu’il faut maîtriser en restant en perpétuel éveil. Il y a du Céline en Cherpillod. Il parle de l’écriture comme d’une musique et donne au style une importance capitale. Ecrire, c’est avoir une conception à soi du monde et, selon lui, il n’y a de perfection littéraire sans soif d’absolu. Le désir d’autonomie est sacré en littérature comme dans la vie. Autonomie du verbe et autonomie de l’être.

S’il y a du Céline, il y a aussi du Ramuz. Oui. Surtout les nouvelles, plus que tout.

Cherpillod n’a pu échapper aux honneurs. Il reçoit deux fois le prestigieux Prix Schiller; en 1976 et en 1986, qu’il a accepté et, en 1992, le Prix des Ecrivains vaudois pour l’ensemble de son œuvre. Question de tenue!

Au-delà de ces prix littéraires, la sérénité, à la fin de sa vie, l’auteur du Chêne brûlé la trouve dans l’acte répété, calme et apaisant de la pêche et de la chasse aux champignons. Dépossédé d’Eros, c’est la nature qui lui permet de renouer avec l’imaginaire en rêvant un monde nouveau qui se débarrasserait une fois pour toute de ses démons consuméristes..

Avoir pu résister et rester fidèle à soi-même et à ses convictions est essentiel. C’est ainsi que l’on surpasse la peur de sa propre mort et que l’on clôt son existence avec le devoir accompli.

Dans les lettres romandes, en 2020, Julien Sansonnens (Prix Rod 2019), selon moi, est un des plus proches légataires de la langue de Gaston Cherpillod. De par son parcours politique, ses thématiques et sa langue poétique inscrite dans le réel, Sansonnens perpétue cette belle littérature de libre frondeur qui n’a de compte à rendre à personne et n’a jamais peur de dire les choses vraies. ■

A consulter également sur notreHistoire.ch

Une série de vidéos de Archives de la RTS consacrées à Gaston Cherpillod

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"Pompe funèbre" d'antan

Coll. P.-M. Epiney/notreHistoire.ch

Notre rubrique Témoignage et récit reprend des articles des membres de notreHistoire.ch, à l’instar de ce texte de Christine Riedo que nous publions ici, dans le prolongement de la Toussaint (la photo illustrant ce texte a été partagée par Pierre-Marie Epiney)

J’ai vu mon premier mort lorsque j’avais une dizaine d’années.

C’était au Tessin où j’ai habité enfant.

Lorsque il y avait un mort au village où j’habitais, le défunt était exposé dans sa maison, souvent sur son lit.

Les gens du village, petits et grands, en famille, passaient tous dans sa chambre lui rendre hommage. Pour l’enterrement ensuite, le village se mettait en cortège et nous l’accompagnions jusqu’à l’église et après la cérémonie jusqu’au cimetière.

Être confrontée à la mort dès le plus jeune âge ne m’a pas fait peur, parce que cela se faisait en communauté, en compagnie de nos parents, il y avait surtout du respect, la mort, les adieux faisaient partie de la vie, et tout le cérémonial, le rite d’accompagnement aidait au deuil, ça nous préparait aussi aux réalités de la vie. ■

A consulter également sur notreHistoire.ch

D’autres photographies et des vidéos des Archives de la RTS dans la série Jours de deuil

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