Notre rubrique Témoignages et récits offre l’occasion d’une reprise – intégralement et en extraits – d’articles et de récits publiés par les membres de notreHistoire.ch sur la plateforme. En cette période de Noël, comment ne pas succomber à ce texte de Martine Desarzens? Elle dévoile ici une illustration tirée du cahier de recettes de son grand-père confiseur: les petits fours décorés pour l’arbre de Noël. Mais plus qu’une recette, c’est le souvenir d’une vie, et d’une famille, qui se révèle derrière les lignes manuscrites d’un précieux cahier (le titre et les intertitres sont de la rédaction). Vous pouvez lire l’intégralité de ce récit en cliquant ici.
« Lorsque j’ai connu mon grand père maternel, c’était déjà un vieux monsieur aux cheveux blancs. A la naissance de ma mère, mes grands-parents étaient déjà passablement âgés; ce bébé n’était pas désiré ! Entre les parents et leur fille, il y avait déjà une génération qui les séparaient.
Jeune, mon grand-père Charles était un inventeur de machines à vapeurs. C’était un très bel homme aîné de six garçons dont Samuel, le plus jeune, a beaucoup posé pour des affiches du tourisme de la région de Val-de-Travers (…) En 1890, le jeune Charles voulait devenir ingénieur des trains ou inventeur ou peut-être musicien… Mais le destin en a voulu autrement !
Mes arrières grands-parents d’origine modeste ont poussé leur fils aîné Charles à faire un apprentissage de boulanger. A cette époque la profession de boulanger était un métier stable, il n’y avait pas de chômage dans cette branche professionnelle; tout le monde achetait du pain.
Ainsi Charles s’est « exilé » en plaine à Neuchâtel pour effectuer son apprentissage de boulanger, son patron a vite compris que ce jeune apprenti était doué pour ce métier. La femme du patron aimait beaucoup ce jeune homme bien élevé, mélomane qui chantait du matin au soir et jouait si bien de l’accordéon le dimanche après-midi. Grâce à ce patron, mon grand-père put se spécialiser en chocolatier, puis en maître confiseur et ensuite en traiteur. La femme du patron lui avait appris la maîtrise des « sirops », des glaçages, du dessin, de la mise en forme des pièces montées.
Avec cette solide formation, chargé de médailles de prix et de diplômes, mon grand père est rentré à Couvet. Il a ouvert une boulangerie; sur l’enseigne on pouvait lire: « Boulangerie, chocolat et glaces maison chez maître confiseur » et sur la vitrine il avait aussi écrit « Livraisons », puis il a demandé la main de ma grand-mère Sophie dont il était amoureux. C’était le seul homme de cette région qui avait une voiture; il livrait le pain chez ses clients.
Un cahier de recette datant de… 1910
J’ai gardé son cahier de recette qui est en très mauvais état mais date de 1910. Le poids est en once; il a écrit également à la main 1 once = 30 gr. Joli…
Mon grand-père avait un grand sens du commerce, après avoir vendu sa boulangerie à Couvet, il a repris un commerce à Neuchâtel, à la Grande Rue. Il a installé un grand laboratoire pour confectionner des chocolats et glaces maison, très vite il est devenu célèbre pour ses spécialités dont les Neuchâtelois raffolaient, il avait déjà beaucoup de personnel qui travaillait pour lui.
Mais mon grand-père rêvait d’une très grande maison pour loger sa famille et le personnel du commerce avec un jardin, une boulangerie, une chocolaterie et un tea-room. Il trouva cette merveille à Lausanne. Il a vendu son commerce de Neuchâtel pour acheter à R. Muller-Blanc un très grand tea-rom à l’avenue d’Ouchy 3, à Lausanne. Ils se sont associés et ces deux amis ont commencé à régaler les Lausannois de ces pièces à 5ct .
Très vite mon grand-père a fait de la publicité pour son tea-toom. Sur ce cliché « les clients » figurants sont les enfants, frères et belles-sœurs de mes grands-parents; on voit ma mère assise à la table ronde; elle est à droite, elle regarde l’objectif du photographe. Nous sommes en 1928, ma mère à 10 ans.
Ce jardin est resté exactement comme ça jusqu’en 1955, année de la vente du commerce de mes grands parents. Enfants nous avons joué dans ce merveilleux jardin avec des pivoines chinoises, des magnolias, des petits bassins romantiques, une grotte avec bassin et poissons rouges style 1920 à l’entrée du jardin, des dallages d’ardoises et des petites tonnelles où nous aimions jouer… » ■
Vous pouvez lire l’intégralité de ce récit, accompagné d’autres illustrations, en cliquant ici.
La rédaction de L’Inédit vous souhaite de belles Fêtes de fin d’année.
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