
Arrivée du premier Lockheed Constellation « Star of Madrid» de la TWA à Cointrin en été 1946. Le «Malabar Princess» était de la même catégorie, un Lockheed L-749.
Le drame s’est produit dans le Massif du Mont-Blanc, plus précisément aux alentours des rochers de la Tournette, à 4677 mètres d’altitude, pratiquement 1000 mètres après le refuge Vallot. Nous sommes le 3 novembre 1950. Un Lockheed L-749 Constellation d’Air India baptisé Malabar Princess, assurant la liaison Bombay-Londres via le Caire et Genève, disparaît des écrans radars de Cointrin. Il est 10h45, l’appareil vient de s’écraser. Six membres d’équipage, commandés par Allan R. Saint, un pilote très expérimenté, et 39 passagers sont à bord. Aucun ne survivra. Les passagers sont majoritairement des marins pakistanais qui devaient rejoindre leur port dans le nord de l’Angleterre.
La carcasse de l’avion est découverte le dimanche qui suit. Un DC-3 de Swissair, qui participe aux opérations de recherche, repère la zone de l’impact. L’avion n’a pas brûlé, les ailes et le fuselage sont intacts, la queue de l’appareil est détruite. La colonne de secours arrivera sur place quatre jours après le crash.
Aussi incroyable que cela puisse être, 16 ans après le drame du Malabar Princess, un second avion d’Air India, un Boeing 707 assurant la liaison Bombay-Beyrouth-Genève-Paris-Londres-New York, se crashe sur les flans du Mont-Blanc. Le bilan, à nouveau, est lourd. Les 117 passagers et l’équipage disparaissent en ce 24 janvier 1966.
Deux générations de guide face à deux crash
La coïncidence entre ces deux drames est encore plus troublante quand l’on sait que le célèbre alpiniste René Payot, parti avec la colonne de secours à la recherche des rescapés du Malabar Princess, fit une chute mortelle durant cette ascension du Mont-Blanc. Son fils Georges a 29 ans quand il compose, lui, la colonne de secours du deuxième accident. Il ne lui arrivera rien. Comme il n’est rien arrivé à l’hôtesse suissesse du Malabar Princess, Doris Lüdi, qui, se sentant mal après le décollage à Bombay, quitta l’appareil lors de l’escale de Beyrouth…
Malgré le soin apporté à retrouver les corps et à ramener dans la plaine les objets personnels des passagers et les débris des deux avions, il arrive encore que la montagne rende des fragments de ces crash. En 2013, un jeune alpiniste a retrouvé un trésor de pièce de monnaie et de bijoux.
Le guide et ancien champion olympique, Vital Vouardoux, lui, avait découvert lors d’une excursion, quinze ans après le drame du Malabar Princess, une pièce importante de l’appareil, vraisemblablement une partie de l’aile. Il en fit une sculpture à la mémoire des victimes, qu’il installa à Grimentz où il s’était établi. Nous ne savons pas précisément ce qu’il est advenu de cette sculpture.■
Référence
Pionnair-Ge, le site des pionniers de l’aéronautique à Genève.
Le drame du Malabar Princess inspira un film, en 1956, The Moutain, avec Spencer Tracy et Robert Wagner. Voir la bande-annonce
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