L'Inédit

par notreHistoire


Les Gorges du Chauderon Montreux

Coll. Y. Plomb/notreHistoire.ch

Malgré une belle reconnaissance et un succès d’estime affirmé, nous devons suspendre la parution de L’Inédit dans sa forme actuelle. Les articles resteront en ligne jusqu’à nouvel ordre.

Deux raisons temporaires motivent cette décision prise par le Conseil de Fondation de la FONSART, éditrice de notreHistoire.ch et de L’Inédit.

D’abord, le contenu des articles publiés est considéré comme précieux et de qualité. Si ces articles ont trouvé leur public et recueillent de nombreux témoignages de satisfaction, comme le reflète notre sondage (cliquez ici), il nous apparaît néanmoins qu’un autre support serait plus adéquat que la dimension numérique actuelle. Nous pensons en effet que la nature et la qualité des articles seraient mieux valorisées sur un support papier, soit une publication périodique, soit sous forme de livres. Nous étudions cette solution et nous vous ferons part de nos décisions au début de l’année prochaine.

Ensuite, la publication électronique de L’Inédit repose sur un logiciel dédié exclusif dont nous n’arrivons pas, au moment où nous vous écrivons, à assurer une pérennité stable et qui, de ce fait, va entraîner des frais considérables d’ici les 18 mois à venir. C’est donc le moment de décider des voies à prendre.

Ces deux raisons nous ont amené à cesser la publication dans sa forme actuelle. Cependant, les articles ne vont pas disparaître et feront toujours partie de notreHistoire.ch.

S’ajoute le fait que nous sommes en train de retravailler l’ensemble de la plateforme notreHistoire.ch. Au cours de l’année 2021, notreHistoire.ch va en effet connaître un développement important, et cela par étape. Notre petite équipe sera fortement sollicitée dans ce projet. Ce qui implique un choix de nos priorités.

Nous nous réjouissons de vous en faire part à l’horizon du printemps 2021.

Ce message est aussi l’occasion de remercier les historiens, journalistes et auteurs des articles parus dans L’Inédit. Leur travail a fait honneur à notreHistoire.ch. Nous profitons également de l’occasion de remercier les nombreux participant qui publient des photos, des films et leurs récits sur la plateforme. En mettant en valeur l’histoire de chacun, dans la perspective d’une histoire collective, notreHistoire.ch démontre que nous avons tous, quelque soit l’époque, un rôle dans notre histoire commune, ici en Suisse romande. Cette approche de notre plateforme, profondément populaire – au sens qu’elle n’exclut personne et donne une place à l’histoire de chacun – s’inscrit parfaitement dans l’intérêt du croisement de vos documents avec des archives audiovisuelles provenant d’institutions romandes, particulièrement un choix de documents des archives de la RTS, dont les premiers documents de la radio remontent à 1932 et à 1954 pour ceux de la télévision.

La publication de nouveaux articles se poursuivra dans L’Inédit jusqu’au 27 novembre prochain. D’ici là, nous vous invitons à vous inscrire à notre newsletter. Elle nous permettra de vous tenir informés des suites que nous espérons donner à notre publication.

Nous comptons sur votre collaboration active dans les mois qui viennent et nous vous invitons à continuer à faire vivre notreHistoire.ch, à porter notre projet commun autour de vous afin qu’ensemble nous poursuivions la précieuse construction de la mémoire collective de notre coin de pays.

Félix Bollmann, Président du Conseil de Fondation de la FONSART
Claude Zurcher, Responsable éditorial de L’Inédit

Charles-Edouard Guillaume

Photo Boyer / Roger-Viollet, coll. Archives de la RTS/notreHistoire.ch

A la sortie de l’agglomération de Fleurier, dans le canton de Neuchâtel, en direction de Môtiers, peu après l’église réformée, mais à droite, une maison aux volets verts porte une plaque commémorative, à gauche de l’entrée. C’est effectivement ici la maison natale de cet inventeur: Charles-Edouard Guillaume.

La maison natale de Charles-Edouard Guillaume à Fleurier (NE).

Photo A. Durussel, coll. L'Inédit/notreHistoire.ch

Fils d’une famille aisée au sein de laquelle l’horlogerie était déjà l’occupation principale de ses parents et de ses grands-parents, il est né durant le gros hiver de l’année 1861, le 15 février. Il va étudier la physique à Neuchâtel, puis il entre à l’EPFZ en 1878, afin de poursuivre sa formation. Après la rédaction d’une thèse ayant pour objet les condensateurs électrolytiques, dans la foulée de l’inventeur de la «Bouteille de Leyde», il est engagé, à l’âge de vingt-deux ans en France, comme chercheur au Bureau international des Poids et Mesures (BIMP) à Sèvres, près de Paris. Ses travaux de recherche, centrés désormais sur la métrologie et l’étalonnage précis des thermomètres à mercure, sont bien vite reconnus par le monde scientifique. En 1889, il est nommé comme adjoint à la tête de cette institution. Il donne aussi des cours de physique à la Faculté des Sciences de l’Université de Genève. Quelques années plus tard, il est nommé directeur-adjoint du BIMP, puis directeur général au début de la Première Guerre mondiale et assumera ce poste pratiquement jusqu’à sa retraite, en 1937. Il avait été honoré d’un Prix Nobel de physique en 1920 et il était le père de trois enfants.

Une intuition qui le conduira au Nobel

Dès ses premières années à Sèvres, alors que la métrologie n’était pas son domaine de prédilection, Charles-Edouard Guillaume se passionne pour tenter d’améliorer la fiabilité des alliages de métaux utilisés dans les instruments de mesure, afin d’éviter les fluctuations et l’instabilité dues aux variations de température, c’est-à-dire la dilatation thermique.

Son intuition l’oriente plus précisément vers les aciers au nickel. Une société industrielle de l’époque, dirigée par un nommé Henri Fayol, fournit dès lors au chercheur du BIPM plus de six-cents alliages différents de Fe-Ni sous forme d’échantillons. Charles-Edouard Guillaume va ainsi établir les courbes spécifiques des coefficients de dilatation de ces alliages. Il découvre après de multiples vérifications que l’alliage avec 36% de nickel est celui qui se dilate le moins. On donnera le nom d’ « Invar » à ce métal qui sera désormais utilisé dans les balanciers des horloges et des morbiers.

D’autre part, la découverte de l’anomalie thermo-élastique, en collaboration avec l’horloger Paul Perret et l’ingénieur Marc Thury, va donner le premier spiral compensateur, avec un alliage  Fe-Ni avec 28 % de nickel. Mais cet alliage est mou et conserve une forte erreur secondaire. Charles-Edouard Guillaume parvient à rendre alors cet alliage plus élastique et à diminuer l’erreur secondaire par des additions de tungstène, de manganèse et de chrome. Cela donnera l’Elinvar, connu aussi sous l’appellation « Métélinvar », « Nivarox » ou « Isoval ». Les spiraux en alliage de palladium et de cuivre, tels ceux qu’avaient développé pour les chronomètres de marine Charles-Auguste Paillard (1840-1895), natif de Sainte-Croix, deviennent ainsi dépassés.

En résumé, et sans entrer ici dans plus de détails techniques et scientifiques, l’on peut affirmer que le mérite de Charles-Edouard Guillaume, décédé après une brève année de retraite active le 13 juin 1938, a bien été celui d’avoir introduit une approche scientifique et systématique de la métallurgie et de la cristallographie dans le domaine de l’horlogerie.■

A consulter également sur notreHistoire.ch

Une histoire de l’horlogerie suisse en images et vidéos des Archives de la RTS

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Mon petit frère

Coll. L. Chevalley/notreHistoire.ch

Notre série « La rue de mon enfance » rassemble des textes inédits et des récits préalablement publiés par les membres de notreHistoire.ch sur la plateforme. Liliane Chevalley évoque ici la Rue de la Carrière 14, dans le quartier de Beauregard, à Fribourg. Sur la photo, elle pose avec son frère Georges.

En 1934, jeune marié, mon père Henri commençait sa vie professionnelle à la Brasserie Beauregard, à Fribourg. Son choix a certainement été motivé parce qu’il aimait les chevaux. Il s’occupait de Misoxe, une jument demi-sang qui appartenait au directeur Marcel Guhl. Tous les matins mon père se levait à 5 h. pour aller à l’écurie changer les litières, nourrir les chevaux et les préparer pour la tournée, c’est-à-dire livrer la bière et la glace dans les cafés de Fribourg et en campagne. Ecolière je lui demandais de me réveiller pour déjeuner avec lui, ensuite je révisais mes leçons. J’ai eu l’occasion de l’accompagner dans ses livraisons. J’ai le souvenir d’une descente enneigée qui menait au café des Bains de Bonn. J’ai dû descendre du char, mon père craignait que le char glisse. Les Bains de Bonn ont disparu par la construction en 1963 du barrage de Schiffenen et de son lac artificiel.

Nous habitions tout prêt de la Brasserie Beauregard à la Rue de la Carrière 14, au 3e étage dans un 3 pièces sans confort. Pour chauffer, un fourneau à bois situé dans le corridor. Ma maman Olga cuisinait sur un potager à bois. Dans la buanderie il fallait chauffer l’eau au bois et cuire le linge dans deux cuves. Mon père avait le souci d’avoir assez de bois qu’il commandait par stères. Les bûches étaient sciées par M. Baeriswyl, scieur professionnel, qui venait avec sa machine devant la maison. Les enfants accouraient pour regarder cette machine impressionnante et qui faisait beaucoup de bruit.

La rue était à nous, jouer à la balle et aux poletz (jeu de billes), sauter à la corde, cache-cache, luger. Lorsque la cloche de la Brasserie sonnait la fin de la journée de travail, nous savions que nous devions rentrer à la maison. « La guerre est finie, la guerre est finie », cette annonce de joie, c’est aussi dans la rue que j’ai appris l’armistice, j’avais 10 ans.

Encore un souvenir: à la ruelle Saint-Vincent j’ai fréquenté l’école enfantine tenue par les sœurs de Saint-Vincent de Paul, je n’ai pas oublié les cornettes blanches. (Le texte original est illustré d’autres photos du quartier, à différentes époques. Cliquez ici pour y accéder).

A consulter également sur notreHistoire.ch

D’autres documents photographiques et des vidéos des Archives de la RTS sur la brasserie Beauregard.

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Affiche de l'exposition des chefs-d'œuvre du Prado

Coll. Musée d'art et d'histoire Genève/notreHistoire.ch

Cette série est conçue en partenariat avec les Archives des Nations Unies à Genève, qui ont publié sur notreHistoire.ch des documents, principalement des photographies, sources du travail des historiens et des journalistes que L’Inédit réunit pour l’occasion. Retrouvez les articles de cette série en cliquant ici.

Malgré les accords de Munich de septembre 1938, la guerre paraît inéluctable en cet été 39. Le Royaume-Uni et la France ont entamé la mobilisation de leurs troupes. La Société des Nations s’est vidée de toute substance. Et en Espagne la guerre civile s’est terminée le 1er avril 1939 avec l’écrasement des Républicains. Le général Franco impose la dictature sur un pays saigné à blanc.

Mais Genève se distrait de cette lourde atmosphère avec une exposition aussi exceptionnelle qu’incongrue. Les Chefs-d’œuvre du Musée du Prado brillent tout l’été au Musée d’art et d’histoire. «Le 13 février 1939, deux trains venant d’Espagne, plus chargés de trésors que les caravanes de la reine de Saba, déposaient à Genève une cargaison de chefs-d’œuvre que le gouvernement rouge de la République espagnole, redoutant la destruction de Madrid, ou tout au moins l’incendie du Prado, confiait à la Société des Nations,» raconte cet été-là La Revue des Deux Mondes, un mensuel littéraire français, résolument conservateur à l’époque.

Echapper aux bombes de la Luftwaffe

Cette opération de sauvetage a commencé aux premiers jours de la guerre civile, après le coup d’État raté de hauts gradés de l’armée espagnole. Le 18 juillet 1936, le gouvernement républicain met en place un Comité central du trésor artistique chargé de sauvegarder le patrimoine artistique des musées, alors que les bombardements s’amplifient au cours de la guerre avec l’intervention de la Luftwaffe du IIIe Reich.

Les tableaux du Prado sont passés par Valence et Barcelone avant d'arriver à la Société des Nations.

Coll. Archives des Nations Unies Genève/notreHistoire.ch

L’avancée brutale et continue des troupes nationalistes incite le gouvernement républicain à évacuer les œuvres d’art du Musée du Prado à Madrid. Elles sont transportées à Valence, puis en Catalogne. En février 1939, alors que la République espagnole est au bord de l’effondrement, un Comité international, constitué de neuf représentants des principaux musées européens – dont le Musée d’art et d’histoire de Genève – signent avec les Républicains un accord à Figueras, ville frontalière de la France. L’accord permet à la dernière minute l’évacuation des œuvres espagnoles au siège de la Société des Nations (SdN) à Genève.

Mais leur pérégrination ne tarde pas à reprendre. À peine la victoire du général Franco reconnue, les œuvres sont formellement restituées à l’ambassadeur de Franco à Berne, le 30 mars. Dès le mois de mai, les œuvres d’art repartent en Espagne, par convois successifs.

Le Comité international à l’origine du sauvetage essaie, néanmoins, d’organiser une exposition à Genève. Pour le nouveau régime, il n’est pas question de négocier avec ce comité, encore moins avec la SDN où l’agression militaire des Franquistes avait été mollement condamnée. Désormais à la tête du gouvernement, Franco ne rejette pas le projet d’exposition. Ses représentants en négocient les modalités avec la ville de Genève et Musée d’art et d’histoire, sous l’œil bienveillant de Berne.

Un accord de dernière minute a parmi le transfert des tableaux vers Genève.

Coll. Archives des Nations Unies Genève/notreHistoire.ch

Pour Franco, cette exposition est une occasion inespérée de présenter son régime sous un jour particulièrement avenant. De quoi faire oublier le pavillon de l’Espagne républicaine à l’Exposition universelle de 1937 à Paris. Clou de ce modeste pavillon, le tableau Guernica exécuté par Picasso pour y être exposé.

Un cadeau à la civilisation européenne

L’Exposition des Chefs-d’œuvre du Musée du Prado s’ouvre pour trois mois le 1er juin 1939. Dans son édition du jour, le Journal de Genève donne le ton: «Aux dernières heures des suprêmes batailles, une fortune singulière et terrible, puisque nous la devons à la guerre, voulut que les chefs-d’œuvre des Musées et des collections particulières d’Espagne, fuyant l’incendie et les bombes, trouvassent refuge à Genève. Par courtoisie, avec une gentillesse magnifique, le gouvernement espagnol nous fait la générosité d’en permettre l’exposition au Musée d’Art et d’Histoire… »

La gauche genevoise dénoncera la propagande pro-franquiste faite avec l'exposition des chefs-d'oeuvre du Prado.

Coll. Archives des Nations Unies Genève/notreHistoire.ch

Lors du vernissage, le conseiller fédéral Marcel Pilet-Golaz se lance dans un hommage énamouré à l’Espagne: «Mes remerciements s’adresseront surtout au marquis d’Aycinena, ministre d’Espagne à Berne, et, par son obligeante entremise, au gouvernement de son pays. Je l’assure, avec une sincérité inspirée par une véritable reconnaissance, que nous mesurons tout le prix du don magnifique — c’est le mot — dont nous sommes si libéralement comblés», rapporte le Journal de Genève.

Le ministre suisse ne s’en tient pas aux usages diplomatiques. C’est une élégie qu’il prononce: «L’Espagne qui vient, au cours de luttes où l’héroïsme n’eut d’égal que la ténacité, de rétablir son unité menacée, d’affirmer son inébranlable volonté de rester maîtresse de ses destins, de prouver qu’elle est capable, quoi qu’il en puisse coûter, de conserver dans le monde la place due à son présent comme à son passé ; l’Espagne dont le territoire, pendant près de trois ans, s’est couvert de ruines et de tombes ; l’Espagne que l’on aurait pu croire épuisée par l’effort sans pareil qu’elle a vaillamment soutenu ; l’Espagne qui aurait eu le droit de ne songer qu’à elle, de s’absorber à cicatriser ses blessures, à reconstituer ses forces, à recouvrer ses trésors, dispersés par la tourmente ; l’Espagne, dis-je, sans avoir envers nous aucune dette matérielle ou morale, nous consent, par générosité pure, un véritable sacrifice : elle nous confie ses œuvres d’art les plus précieuses. Certes, nous comprenons bien que ce n’est pas à nous seuls, Suisses, qu’elle fait cet inestimable cadeau, mais à la civilisation européenne, pour lui rappeler sa grandeur, sa mission et ses devoirs.»

La politique d’accommodement avec les puissances de l’Axe qu’il défendra l’année suivante comme ministre des Affaires étrangères est aussi une forme d’adhésion de la part de Pilet-Golaz. Des sympathies qui sont loin d’être partagées par tous. La gauche a dénoncé la propagande faite autour de cette exposition.

En témoigne le billet d’une revue genevoise – Le Réveil Anarchiste – publiée le 24 juin 1939. C’est un regard halluciné et féroce porté sur l’exposition:

«Quelle histoire ! quelle tragédie ! Velasquez, Zurburan, El Greco ! Franco et l’Espagne meurtrie, massacrée ! Goya : « Les Désastres ». À l’entrée, dans le hall, une toile immense : sur un fond soufre et noir, se dresse une femme : la République, tenant couché sur ses bras un enfant sanglant, déchiqueté ; à ses pieds, des cadavres. Toute la toile sabrée de sang. Au bas du tableau, non pas des adorateurs ou des donateurs, mais dans une scène carnavalesque des gueules de « Saint-Isidore » du 3 mai 1808, des «horreurs de la guerre», des bannières du Sacré-Cœur, des crucifix, des légionnaires maroco-italo-allemands, le Loyal offrant son épée a la Vierge, le Magnanime dont la charité a flamboyé sur Guernica, Madrid, Barcelone, etc…, et dont la gentillesse crépite à travers toute l’Espagne, entouré de diplomates, de dignitaires de la Banque et de l’Eglise, de toute l’élite morale et spirituelle, de tous les spécialistes de l’infamie, pataugeant dans la boue et le sang, avec déjà des contorsions de reprouvés. C’est Goya : les caprices, la guerre, les proverbes, « Nada ». On passe de salle en salle, bouleversé. Chacun de ces chefs-d’œuvre rappelle la tragédie, la trahison des chefs militaires, la lâcheté des démocraties, les combats inégaux, les massacres, la perfidie, l’infamie, et les efforts républicains à qui l’on doit de contempler ce magnifique trésor d’art. La gorge serrée, accablée de tristesse et de honte. On pense que cette exposition est une accusation terrible et que la tribu des laudateurs aura beau faire, elle ne réussira pas à donner le change. On sort de là plus ferme et décidé à la lutte. »

Un succès immense

Ouverte pendant 3 mois, l’exposition attire près de 400’000 visiteurs. C’est la plus visitée du Musée d’art et d’histoire jusqu’à aujourd’hui. Dans son édition du 28 juin 1940, le Journal de Genève donne une idée de ses retombées économique: «L’exploitation de l’Hôtel Métropole en 1939 solde par un bénéfice de fr. 8362, en regard d’une perte de fr. 3169 en 1938. Grâce aux recettes exceptionnelles dues aux visiteurs de l’Exposition du Prado, le chiffre d’affaires à fin août était supérieur de 37% à celui de l’année précédente. Le dernier trimestre de 1939 a été, malgré les événements, un peu meilleur que celui de 1938, de sorte que les recettes totales se sont élevées à fr. 250.077, contre 224.700 en 1938 et 222.000 en 1937.»

L’exposition ferme le 31 août 1939. Le lendemain, les armées nazies envahissent la Pologne.■

A consulter également sur notreHistoire.ch

D’autres documents dans la galerie consacrée à la SDN et une série de documents sonores des Archives de la RTS

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