Un 6 cylindres en ligne, à essence, 4235 cm3 développant 170 chevaux à 4500 tours/min pour une vitesse maximale de 210 km/h, boîte de vitesses automatique à 3 rapports – ou 4 rapports manuels avec overdrive (qui joue le rôle d’une cinquième) – direction à crémaillère assistée, deux réservoirs dans les ailes arrière de 45 litres chacun ! Que dire encore ? L’intérieur, bien sûr, avec son volant en bakélite, tableau de bord en ronce de noyer, siège plein cuir… n’a-t-elle pas été sacrée «plus belle limousine de tous les temps». Elle ? La Jaguar XJ6, qui doit son nom à Sir William Lyons, le fondateur de la marque, X pour eXperimental et J pour Jaguar, évidemment. Dès la sortie de la première série, au Salon de Paris en 1968, cette voiture qui était en gestation depuis 1962 se place immédiatement dans la catégorie des légendes : «pureté et classicisme» de l’avis des experts, quelle autre voiture pouvait réunir ces deux qualité rares, en demeurant nerveuse et sportive pour une berline de haute lignée? Qui plus est, la Jaguar XJ6 ose des couleurs de carrosserie inconcevables aujourd’hui pour une voiture de luxe, des vert anglais ou amande, du jaune, du rouge, des teintes affirmées pour son côté félin. Boris Vian débute d’ailleurs sa chanson « Maxim’s » par ce délicieux : « Ah! baiser la main d’une femme du moooooonde/ Et m’écorcher les lèvres à ses diamants / Et puis, dans la Jaguar, brûler son léopard / avec une cigarette anglaaaaaise…. »
La XJ6 connaîtra trois séries jusqu’en 1986, remplacée par la nouvelle génération des XJ40. Lancée en mars 1979 au Salon de l’automobile de Genève, la série 3 améliore les performances du moteur, soigne sa ligne élancée (l’inclinaison du parebrise est accentuée, ce qui met plus encore en valeur son long museau). En présentant sa série 3 au Salon de Genève, qui se tient dans le Palais des Exposition du boulevard Carl Vogt – le bâtiment fera place à Uni Mail, en 1981 – Jaguar entretient le lien privilégié de la marque avec Genève. C’est en effet au Salon de Genève, le 16 mars 1961, que Jaguar avait présenté, en première mondiale, son exceptionnelle Type E. Sir Williams Lyon et l’ingénieur en chef des usines Jaguar de Coventry avaient fait le déplacement. Pour ménager son effet, Lyons avait fait emballer la Type E dans un coffret placé devant le restaurant du Parc des Eaux-Vives. Comme le relate le journaliste du Journal de Genève, «Aucun témoin de ce baptême ne songeait à mettre en doute les qualités mécaniques d’un bolide à qui ne manquera chez nous, pendant quelques temps, qu’une chose importante : des routes où il puisse donner sa pleine mesure !» Il est vrai qu’en mars 1961, les travaux de la première autoroute de Suisse, l’A1 entre Genève et Lausanne, venaient à peine de commencer.■
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