
Alfred Fleisch (1892-1973) se consacre à Lausanne à différents domaines de la physiologie, particulièrement la respiration, la circulation sanguine et l'alimentation.
L’étude et la mesure précise des fonctions pulmonaires ont fait des avancées considérables ces dernières années et l’équipement de nos hôpitaux universitaires et cliniques spécialisées en sont aujourd’hui une magnifique réalité. Dans cet article, je voudrais rendre hommage à un pionnier de la mesure des réflexes respiratoires, le professeur Alfred Fleisch (1892-1973), patron et directeur de l’Institut de physiologie rattaché à l’Université de Lausanne, auprès duquel j’avais été engagé au printemps de l’année 1958 comme mécanicien-électricien et assistant technique de laboratoire.
Alfred Fleisch, après des études de médecine à Zurich, s’était orienté vers la physiologie auprès de Walter Rudolf Hess, toujours à Zurich. Durant la Seconde Guerre mondiale, il avait présidé la Commission fédérale pour l’alimentation et a été le lauréat du Prix de la Fondation Marcel Benoist en 1953. Son Institut à Lausanne, qu’il a dirigé durant une trentaine d’années (1932-1962) effectuait non seulement des recherches dans le domaine de la « mécanique du corps humain » et ses fonctions respiratoires en particulier, mais construisait aussi des petites séries d’appareils de mesure développés à partir de l’année 1925 déjà par cet éminent professeur, afin de répondre à la demande du corps médical. Ainsi ces « Pneumotachographes » constitués par un tube en laiton nickelé dans lequel soufflait le patient, et qui permettait de mesurer avec une grande précision le débit expiratoire, selon une application de la célèbre « Loi de Poiseuille ». Ou encore ces spiromètres secs, permettant de définir le volume respiratoire à l’expiration de la capacité pulmonaire d’un homme atteint par des pneumoconioses (silicose ou amiante), tout cela bien avant ce terrible Coronavirus que l’on apprends actuellement à connaître, soixante-deux années plus tard.

Le premier pneumotachographe, en laiton, servait à mesurer avec précision le débit expiratoire du patient. Cette invention du prof. Fleisch est utilisée quotidiennement aujourd'hui dans le monde.
Métabo, la petite usine à Epalinges
Ces appareils ont aussi permis à Alfred Fleisch et à son équipe de concevoir un appareil mesurant les valeurs du métabolisme humain, appelé « Métabographe ». Cet appareil allait devenir une référence, à cette époque, pour définir les valeurs moyennes du métabolisme énergétique. Or, la construction de cet appareil, même par petites séries, ne pouvait s’envisager dans le cadre du Laboratoire lausannois de la rue du Bugnon, cela d’autant plus que le professeur Fleisch avait cessé son activité universitaire en 1962. D’où la construction d’une petite usine indépendante, baptisée « Métabo », située à Epalinges, équipée de machines-outils performantes pour l’usinage des pièces de ces appareils, puis leur montage en petites séries commercialisées. Cette fabrique d’appareils médicaux a cessé toute activité le 29 décembre 2011.
C’est là où j’ai travaillé durant les années 1960 à 1962. Nous avions par exemple l’un de ces métabographes installé dans une clinique à Montana, un autre dans un Centre pulmonaire français à Nancy, ainsi qu’à Fribourg-en-Brisgau, non loin de la frontière bâloise. Ils nécessitaient parfois un service d’entretien après-vente, spécialement pour le changement de certaines composantes, telles les sondes en platine qui permettaient de mesurer la résistivité de l’hydroxyde de potassium (KOH, ou potasse caustique) de l’appareil. Ce liquide était utilisé pour absorber le gaz carbonique rejeté par le patient lors d’un examen d’une dizaine de minutes en circuit fermé.
Aujourd’hui encore, le pneumotachographe est utilisé quotidiennement pour tester les capacités respiratoires, partout dans le monde. ■
Référence
Fleisch, Herbert, article Alfred Fleisch, Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 28.10.2009, consulté le 22.04.2020
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