L'Inédit

par notreHistoire


Michel Simon à la Télévision genevoise

Michel Simon, sur le plateau de la Télévision Genevoise, début 1954. Il est filmé par Jean-Jacques Lagrange (de dos), en compagnie du maquilleur Jean d'Estrée.

Coll. J.-J. Lagrange/notreHistoire.ch

Jean-Jacques Lagrange, un des fondateurs de la RTS, fait revivre dans cette série consacrée à l’histoire de la Télévision les premières heures de ce média qui va transformer la société des années 1960. Son premier article mettait en lumière le système D des pionniers genevois, leur vision, et le soutien des autorités. Après quelques mois de préparation, ils se lancent. Nous sommes en janvier 1954.

Tout le monde parle de télévision mais personne ne l’a jamais vue, ce qui va changer avec la naissance de la Télévision Genevoise. Son lancement officiel est organisé au Palais Eynard devant tout le gratin politique de Genève, de Suisse romande et les pontes des P.T.T et de la SSR. Le télécinéma 16mm Radio-Industrie a été installé dans un local adjoint à celui de l’émetteur qui envoie l’image et le son depuis la tour tubulaire de l’Institut de physique, avec vue directe sur le Palais Eynard où un poste TV est installé.

Dans l’après-midi une répétition est faite… et crac ! L’émetteur son tombe en panne ! Panique vite maîtrisée : des techniciens radio tendent une ligne son du bâtiment de l’Institut de physique par-dessus la rue des Bains jusqu’au central de Radio-Genève où aboutissent les lignes fixes pour l’Université. De l’Uni, une ligne est tirée sur les arbres du Parc des Bastions pour atteindre le Palais Eynard où deux haut-parleurs sont cachés derrière des rideaux. Le soir, ni vu ni connu, l’émission passe comme une lettre à la poste.

C’est la sensation : pour la première fois les invités voient sur un écran TV un vrai programme de télévision qui met en valeur les atouts de Genève et montre les possibilités de ce nouveau média.

« Notre télévision s’ouvre à l’espérance »

Au cours de cette cérémonie de lancement de la Télévision Genevoise, le maire de la ville, Albert Dussoix, prononce une allocution véritablement prospective sur l’avenir de la télévision dans la cité et en Suisse. En voici les principaux extraits :

Le 28 janvier 1954, la Télévision Genevoise diffuse sa première émission au Palais Eynard, en présence des autorités. Le maire de Genève, Albert Dussoix, prononce l'allocution officielle.

Coll. J.-J. Lagrange/notreHistoire.ch

« Loin de nous la pensée d’avoir voulu faire concurrence au poste émetteur officiel de Zurich. Mais Genève, que nous avons promis de servir de toutes nos forces et qui a droit à notre premier élan, ne pouvait demeurer à l’écart de cette tentative nouvelle d’information rapide et de diffusion des idées (…)

Nous ne sommes qu’à une période d’essais et il faudra plusieurs mois encore pour mettre au point nos installations et pouvoir offrir à nos concitoyens toutes les satisfactions qu’ils espèrent retirer de votre action. Pour l’instant notre « télévision » s’ouvre à l’espérance et les sympathies actives qu’elle rencontre sont un heureux présage. Nous espérons de tout notre cœur que la télévision genevoise contribuera au développement de la télévision suisse, qu’elle répandra rapidement les bienfaits de la science et permettra également de faire connaître les événements du jour (…)

Un poste émetteur tel que celui de Genève doit faire connaître notre actualité : il contribuera à mettre l’accent sur l’existence et la nécessité de notre culture latine au sein de notre communauté nationale. Sur le plan international, il répondra aux besoins des organisations internationales qui ont leur siège sur notre territoire, en mettant à leur disposition ce nouveau moyen d’expression qu’elles réclament depuis longtemps déjà. Il n’est pas dans notre idée que Genève soit, par la suite, une station de télévision complètement indépendante. Nous sommes persuadés que le développement de la télévision se fera d’ailleurs sur le plan des échanges entre nations.

Permettez-moi, en terminant, d’adresser mes vives et sincères félicitations à tous ceux – professeurs, ingénieurs, techniciens, ouvriers de l’Institut de physique, ainsi qu’aux animateurs du Centre de Mon Repos – qui ont fait et poursuivent un magnifique effort en vue de permettre un rapide départ de la télévision genevoise avec des appareils encore incomplets par suite de retards de livraison.

Grâce à leur activité incessante, et grâce à l’appui et la compréhension de nous espérons rencontrer encore auprès des P.T.T et de la Société Suisse de Radiodiffusion, nous serons ainsi en mesure d’apporter notre contribution au développement de la Télévision dans notre pays, pour le plus grand bien de Genève et de la Suisse tout entière. »

Lancement d’un programme régulier

Mais René Schenker et Albert Dussoix en veulent plus. La Ville vote un crédit spécial pour des émissions hebdomadaires à partir du début mars, à l’occasion du Salon de l’Auto, programme qui va continuer jusqu’aux vacances d’été. Ce qui veut dire que l’équipe de Mon Repos se lance dans une production régulière de sujets d’actualité, de sport, de petits reportages ou documentaires tout en continuant le travail journalier à Radio-Genève ! Robert Ehrler et Edouard Brunet sont « détachés » des tâches radio pour pouvoir se consacrer à 100% à faire des films et à entretenir la technique du studio.

De nouveaux collaborateurs viennent compléter le Groupe de Mon Repos : Lily Boïty, une monteuse de ciné-club amateur, Albert Krähenbuhl, un vieux caméraman documentaire et Roger Bimpage que René Schenker indemnise modestement à la pige. Il y a aussi des bénévoles de la radio comme Georges Milhaud, Georges Marny, Jean-Paul Darmstetter, des comédiens comme Isabelle Villars ou René Habib et Jean-Louis Roy, un gamin en culotte courte mais un fou de cinéma qui a déjà tourné des petits films en super8.

Le bout-à-bout de la Télévision Genevoise, dont le générique a été dessiné par Jean-Jacques Lagrange. La musique est de Louis Rey.

Coll. Archives de la RTS/notreHistoire.ch

Pour assurer un programme cinq fois par semaine, la production du Groupe de Mon Repos ne suffit pas et René Schenker fait la chasse aux films gratuits : CFF, SNCF, Nations Unies, US Information Service, Office Français du Tourisme !

Le bulletin « bricolé » pour les douze premiers téléspectateurs

Comme la presse n’est pas intéressée à annoncer les programmes de la Télévision Genevoise, René Schenker décide de publier un bulletin hebdomadaire gratuit. Ce sera La boîte à images pour lequel je dessine le logo ainsi que d’autres illustrations gravées dans les stencils (les photocopieuses n’existent pas) qui accompagnent l’éditorial de René Schenker, le programme des émissions de la semaine, des nouvelles sur les productions en cours à Mon Repos et de courtes infos sur la télévision dans le monde glanées dans la presse et dans le bulletin de l’UER.

Chaque jeudi soir, Jacqueline Regamey tape les textes sur stencils en laissant des espaces pour mes petits dessins improvisés sur le champ et le reste de la nuit se passe à tirer, agrafer et mettre sous enveloppe le bulletin qui sera envoyé aux téléspectateurs qui en ont fait la demande.

Pour annoncer ses programmes, la Télévision Genevoise publie un bulletin hebdomadaire, "La boîte à images", tiré sur stencil. Le dernier numéro sortira le 30 octobre 1954.

Coll. J.-J. Lagrange/notreHistoire.ch

Car des téléspectateurs, il y en a ! Une douzaine d’abord puis la liste d’adresses s’allonge avec les bistrots qui se dotent d’un poste TV et des privés, une bonne cinquantaine, dont certains téléphonent après l’émission pour dire si la réception technique était bonne. Car l’émetteur est capricieux, surtout le quartz de l’ampli son que les étudiants doivent bricoler chaque jour comme ils doivent laisser entrouverte la porte du local émetteur pour éviter des interférences dans l’image ! C’est vraiment le temps des pionniers qui va se prolonger jusqu’à mi-juin 1954.

Ce bulletin assure un lien entre les rares spectateurs et la Télévision Genevoise. Il est le seul témoin des réactions du public qui s’épanche dans des lettres et téléphones pour féliciter l’équipe de Mon Repos ou pour râler parce que le son ou l’image sont imparfaits. Déjà il y a ceux qui rouspètent car on ne leur a pas proposé tel spectacle ou telle retransmission d’événements qui se passent à Genève. Une impatience qu’il faut calmer en rappelant les moyens modestes de la Télévision Genevoise et les limites techniques de cette TV expérimentale.

Les programmes d’un soir sont exclusivement composés de film 16mm mis bout-à-bout sur une grande bobine avec des annonces de speakerines pré-enregistrées et post-synchronisées. La bobine est ensuite portée à l’Institut de physique où se trouve le Télécinéma 16mm.

Enfin une caméra synchrone !

Il devient urgent de pouvoir enregistrer des annonces en son synchrone pour faciliter la gestion de ces programmes quotidiens. Après de vaines recherches dans les commerces d’appareils photos, je trouve dans le magazine American Cinematographer une caméra professionnelle que René Schenker commande aussitôt. Une photo immortalise la réception de cette première caméra 16mm blimpée son optique Auricon Pro CM71 qui facilite la tâche et permet de faire des reportages avec son sur des bobines de 60 mètres.

Jean-Jacques Lagrange inaugure la caméra Auricon Pro CM71, avec bobines 16 mm de 60 m et enregistrant le son synchrone sur piste optique

Coll. J.-J. Lagrange/notreHistoire.ch

La finale de foot piratée !

La tenue en Suisse du championnat du monde de football, en juin 1954, offre des possibilités de populariser la télévision. L’Eurovision naissante va retransmettre les matchs que la TV Suisse débutante à Zurich diffusera sur ses antennes de l’Uetliberg et du Bantiger. La Télévision Genevoise ne fait pas partie de la SSR et de l’UER et il semble difficile d’obtenir des droits de retransmission d’autant plus que les P.T.T ne peuvent pas (ou ne veulent pas?) assurer une liaison hertzienne du Bantiger sur Genève alors qu’ils sont déjà surchargés par les retransmissions des différents stades suisses.

René Schenker obtient pourtant de pouvoir diffuser en différé les résumés filmés produits chaque jour par la TV Suisse de Zurich et qui parviennent le lendemain à Genève par poste « hors sac ». La demande du public est grande comme est frustrante la perspective de ne pas avoir en direct les demi-finales et la finale.

René Schenker et les techniciens de Mon Repos décident donc de tenter une captation pirate de l’image de l’émetteur italien du Monte Penice que l’on peut capter sur le Salève! Le restaurateur du téléphérique autorise la pose d’une tour tubulaire pour capter l’image de la RAI et la renvoyer sur l’émetteur de la TV Genevoise. C’est ainsi que les spectateurs peuvent voir les images des matches de demi-finale et la finale en direct commentés en studio par Humbert-Louis Bonnardelly. Certes l’image n’est pas très bonne et le son plusieurs fois interrompu. Ces pannes de son sont l’objet d’un petit commentaire dans le bulletin de la « Boîte à image » qu’il est amusant de relever :

…de nombreux spectateurs ont immédiatement pris le son du reportage de Squibbs sur la radio romande. Quelle ne fut pas notre joie d’apprendre, quelques jours plus tard, par Squibbs lui-même, qu’il avait reçu 241 lettres d’auditeurs qui avaient suivi le match à la TV et à la radio simultanément et qui le félicitaient. Vous voyez que le nombre de téléspectateurs est important !

Mon Repos devient donc un vrai studio de diffusion. Une petite caméra sonore Auricon blimpée avec bobines de 30m vient compléter l’Auricon CM71 et ses bobines de 60 m. C’est avec cette Auricon CM71 que William Baer et moi-même filmons des petits sketches en studio avec Isabelle Villars et René Habib. Un essai de théâtre filmé, Le héros et le soldat de G.B. Shaw, est tourné avec une scène du spectacle au Théâtre de Poche. Toutes ces productions sont mises en conserve pour la reprise des émissions en automne. ■

La semaine prochaine la suite de ce récit mettra en avant un nouveau coup d’audace de l’équipe de la Télévision Genevoise.

A consulter également sur notreHistoire.ch

L’aventure de la Télévision Genevoise en images

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L'accident entre Sierre et Sion

Coll. Archives de la RTS/notreHistoire.ch

Pour les membres d’une coopérative agricole lucernoise en voyage à travers la Suisse, l’après-midi s’annonçait stimulant. En ce 24 juin 1968, peu avant 14 heures, le cortège monte à bord de sa prochaine correspondance, en gare de Sion. Le train se met en marche pour emmener les quelque 260 compagnons à Viège, où est prévue la visite d’une usine d’engrais. Malheureusement, le destin en décide autrement : en sens inverse, un convoi de marchandises brûle un feu rouge.

Non loin du chef-lieu valaisan, le choc frontal provoque un accident ferroviaire d’une ampleur rare dans le pays : la collision fait treize morts et plus d’une centaine de blessés. Les campagnes lucernoises seront particulièrement endeuillées par la tragédie, puisque la plupart des personnes décédées vivaient dans le village de Pfaffnau. Sur le lieu du drame, les secours s’activent de longues heures pour venir en aide aux victimes, dont certaines se retrouvent bloquées dans des wagons gravement endommagés, renversés sur le côté. Mais que s’est-il passé ? S’agit-il d’un problème technique ? D’une erreur humaine ? L’enquête penchera plus tard pour la seconde hypothèse.

Le lendemain, le président du Grand Conseil valaisan, Innozenz Lehner, témoigne de sa compassion lors de l’ouverture de la séance du jour : « La Haute Assemblée profondément attristée s’associe aux chagrins des familles lucernoises, à celles de Brigue et de Renens. Elle souhaite un prompt rétablissement aux personnes blessées. Que Dieu nous préserve dorénavant de telles catastrophes. »

Hélas, moins d’une semaine plus tard, un autre accident survenait, près de Lyon cette fois-ci. Un train déraille, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés.

Emission Carrefour, diffusée le 30 juin 1968

Coll. Archives de la RTS/notreHistoire.ch

Les actualités de la Télévision Suisse Romande filment les premières heures des secours. Images spectaculaires pour les téléspectateurs: les sauveteurs s’activent, sortent des blessés par les fenêtres des wagons couchés sur la voie. De telles images, en longues séquences, avec les portraits des victimes et les actions des secours, ne seraient certainement plus diffusées de cette manière aujourd’hui. Quant au son de ce document, il est manquant. A l’époque, pour certaines émissions, les commentaires écrits par les journalistes étaient lus depuis une cabine, en direct lors de la diffusion. Il se peut aussi que la bande-son ait été irrémédiablement endommagé. Ne restent aujourd’hui que ces images, d’autant plus impressionnantes qu’elles sont à jamais silencieuses. ■

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Un hydravion dans la rade de Genève

Coll. C. Zurcher/notreHistoire.ch

Insolite

L’hydravion de nulle part

Au chapitre 4 du livre I des Mémoires d’outre-tombe, évoquant le souvenir de sa grand-mère, madame de Bedée, et de sa grand-tante, mademoiselle de Boisteilleul – « Elle et sa sœur s’étaient promis de s’entre-appeler aussitôt que l’une aurait devancé l’autre (dans la mort) ; elles se tinrent parole, et madame de Bedée ne survécut que peu de mois à mademoiselle de Boisteilleul » – Chateaubriand reconnaît humblement : « Je suis peut-être le seul homme au monde qui sache que ces personnes ont existé… ». Pourquoi cette citation ? Parce qu’elle dit, avec une économie de mots, la profondeur et l’importance du souvenir des êtres chers. Qu’en est-il pour ces inconnus de l’album de famille que je me suis procuré aux puces de Plainpalais, il y a dix ans déjà ? Un livre de photographies collées, racontant par l’image la vie d’une famille sans nom, sans domicile, sans indication particulière – rien n’est inscrit ni au pied des photos, ni à leur verso – et qui sait par quel chemin d’abandon cet album de vies entremêlées s’est retrouvé chez un brocanteur, tout cela reste sans réponse.

Seule une photo de cet album porte une information, écrite au crayon : septembre 1928. L’image a été prise d’une barque, son bord est visible. D’autres barques entourent l’hydravion posé sur un plan d’eau, devant des immeubles bourgeois. C’est un événement, des badauds se sont rassemblés sur le quai. Mais sur quel quai ? Un indice nous fait signe : au sommet d’une tourelle de l’immeuble en arrière-plan, un ange. Plus exactement un aigle, celui de la Maison Royale, aux Eaux-Vives à Genève, construite en 1909 par les architectes Henri Gacin et Charles Bizot (cet aigle impérial sera déposé en 1965).

Des formalités douanières vite réglées

Nous sommes donc dans la rade de Genève, en septembre 1928. Les archives numérisées du Journal de Genève prennent le relais : dans son édition du mardi 28 août, une brève relate la venue du commandant Aldo Pellegrini, délégué italien à la commission de désarmement de la Société des Nations, arrivé « à Genève dimanche à bord d’un hydravion. L’aviateur, qui venait de Rome, avait fait escale sur le lac Majeur, d’où il était reparti à 10h. A son arrivée à Eaux-Vives plage, le commandant Pellegrini a été reçu par le capitaine Weber. » Les formalités douanières sont levées en quelques minutes, précise le journal. Quant à l’hydravion immatriculé I-REOS, il s’agit d’un appareil Dornier Do.R4 Superwal équipé de quatre moteurs Siemens Jupiter VI. A bord, quatre hommes d’équipage et jusqu’à dix-neuf passagers. L’engin sera amarré dans le port de Corsier mais, en attendant, sa surveillance a été « confiée à la police et le poste permanent des pompiers a placé deux falots sous les ailes pour éviter toute collision avec des embarcations. »

L'appareil est conduit à Corsier. En arrière-plan, la silhouette de la cathédrale Saint Pierre.

Coll. C. Zurcher/notreHistoire.ch

Deux mois plus tard, au large du quai des Eaux-Vives, une bouée aux couleurs genevoises sera installée, tenue par « une forte chaîne scellée dans un bloc de béton » pour servir à l’amarrage des hydravions. Sur notreHistoire.ch d’autres photos – et même un film amateur – témoignent de la présence d’hydravions dans la rade, une pratique qui sera interdite en 1948, et ce pour l’ensemble du petit lac, entre la pointe d’Hermance et l’embouchure de la Versoix.

Si les Genevois assistent en curieux à la scène, en ce dimanche 26 août, il en est allé autrement en Corse. Trois jours plus tôt, le jeudi, trois hydravions italiens survolèrent Bonifacio à une très faible altitude, entre 100 et 150 m., sans doute pour y « prendre des photographies de points stratégiques », précise le Journal de Genève qui évoque « la population très émue par cette opération ».

Et le commandant Pellegrini ? Héros de la Grande Guerre et aviateur chevronné, Aldo Pellegrini (1888-1940) deviendra général d’escadre aérienne et participera aux croisières aériennes organisées par Italo Balbo, le ministre de l’Air, notamment le raid Rome-Chicago en 1933. Aldo Pellegrini mourra dans le crash de son avion, survenu pour une raison inconnue le 7 décembre 1940, près d’Acqui. Ce vol militaire, avec à son bord le général Pintor et des membres de la commission italienne d’armistice, effectuait la liaison Rome-Turin. Aujourd’hui, une rue du quartier de Piccarello, à Latina, porte son nom. ■

Références

Les Archives du Temps
Pionnair-ge, le site des pionniers de l’aéronautique à Genève

A consulter également sur notreHistoire.ch

D’autres photos d’hydravions dans la rade de Genève, et un film amateur!

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Ecole catch

Première école de catch professionnel de Suisse Romande, la SPW Academy est lancée dans un sous-sol lausannois.

Photo C. Inderbitzin, coll. A. McLeod/notreHistoire.ch

Que savons-nous du catch en Suisse romande? Pas grand-chose, il faut l’avouer. Pourtant le catch, ici, a une histoire (récente), grâce à l’initiative de quelques passionnés parmi lesquels Adrian McLeod, auteur de ce texte publié en mars 2012 sur notreHistoire.ch et que nous reprenons dans notre rubrique Témoignage et récit (le titre et les intertitres sont de la rédaction).

Tout débute avec un match exhibition – un véritable succès – réalisé en 2004 par les deux créateurs de la Fédération, Adrian Johnatans et Heinrich van Richter. Des amis souhaitent les rejoindre et une petite salle d’entraînement est improvisée à Lausanne dans un sous-sol avec des tatamis et quelques haltères. La Swiss Power Wrestling (SPW) se dote d’une petite équipe et s’applique à créer des personnages qui peuvent donner lieu à des matchs intéressants. Un ring est construit et des shows commencent à apparaître, alors nommés Doom’s Day.

De 2004 à 2005 le roster de la SPW continue à s’agrandir et grâce au bouche à oreille de plus en plus de personnes se rendent aux shows, l’affluence moyenne ne dépasse toutefois pas les 35 spectateurs, avec quelques piques d’une cinquantaine ! L’année suivante, en décembre 2006, la SPW revient à ses origines et organise une fois encore un match exhibition pour une fête scolaire, cette fois un record est battu, avec 250 spectateurs et beaucoup de sang versé. Le show est appelé Christmas Chaos !

En mai 2007 la SPW a une nouvelle occasion de présenter un match exhibition, cette fois lors du festival international Balélec à Lausanne, une centaine de personnes s’amassent autour du ring et la fréquentation du site web grimpe en flèche. Cette année-là, le show annuel unholy freedom est organisé avec la célèbre salle le Romandie et le record suisse d’affluence à un show local est battu, avec plus de 500 personnes présentes ! La SPW se médiatise beaucoup à cette occasion en passant dans quelques journaux et magazines, ainsi que sur la télévision lausannoise TVRL.

Quelques temps après, un magazine est créé, baptisé SPW Powermag, tout premier (et seul) magazine suisse dédié au catch et, au passage, la SPW devient l’une des seules fédérations européennes à posséder son propre magazine. Le numéro 0 n’a que 8 pages, mais il permet à la SPW de faire un deal avec la WWE pour leurs dates suisses, le logo du magazine apparaît même sur les affiches officielles ! De plus, la WWE se base sur la connaissance des dirigeants de la SPW et des fans de Suisse romande qui leurs ont conseillé d’ajouter une deuxième date à leur passage, en venant à Genève, alors que la WWE ne souhaitait organiser qu’une date en Suisse, à Zurich, pour chaque tournée européenne.

Une reconnaissance de la Ville de Lausanne

En parallèle, la SPW Academy se développe, reçoit une aide financière de la Ville de Lausanne et s’installe dans un dojo dans les hauts de Lausanne. En 2008 un nouveau ring est acheté et les élèves sont au nombre de 25. Cette même année le roster de la SPW est doté de 38 catcheurs, Suisses et internationaux confondus.

Une nouvelle série de petits shows réguliers est mis en place au dojo de la SPW, appelés Saturday’s powerslam fest avec des storylines plus poussées. Le nombre d’élèves de l’Academy continue à grimper, mais en été 2008 tout s’arrête lorsque des sommes d’argents disparaissent… obligeant Adrian Johnatans à renoncer à son dojo et à fermer son école.

Du jamais vu dans la Broye

En mai 2009, la SPW revient et de nombreux shows sont organisés jusqu’à la fin de l’année, lors du show SPW retribution où une importante feud (une rivalité) née entre The Ooggy Dog et The British Stallion. L’année suivante, en février, la SPW passe un accord avec le taco’s bar – où plusieurs shows ont déjà été organisés – pour des shows mensuels. Cette série est appelée Wednesday Warzone et elle connaît un franc succès avec une affluence moyenne de 100 personnes !

Les storylines sont de plus en plus sérieuses et la feud entre le Stallion et Ooggy Dog continue jusqu’en juin 2010. En parallèle, de plus gros shows sont organisés, notamment au Giron de la Broye, mais le record de 500 personnes n’est jamais battu !

En 2011, la SPW continue la série des warzone, avec un nouveau site web, un bon roster. De plus ses catcheurs sont de plus en plus connus sur la scène européenne !

Une Académie sur les bords de la Sarine

La SPW-Academy a été créée en 2006 par le British Stallion, et il a entraîné la plupart des catcheurs actuellement en activité en Suisse Romande. En 2010, il aide l’un de ses anciens élèves à fonder une école de catch dans le canton de Fribourg, l’AWF pour American Wrestling Fribourg qui devient le premier territoire externe de la SPW.

En 2011, il fonde une école de catch à Genève, à la demande de la municipalité.

Avec un total de 3 territoires actifs, une fan-base de plus en plus grosse, un web show, 2 rings, 3 entraîneurs, 16 catcheurs, 70 alumnis et un grand nombre de « première fois », tel que le premier Ladder match de Suisse, le premier TLC de Suisse, le premier tournoi Street Fight, ainsi que le record jamais battu de 500 personnes, la SPW peut fièrement se déclarer leader du catch suisse ! ■

A consulter également sur notreHistoire.ch

Les Archives de la RTS possèdent quelques documents sur le catch, dont un reportage de Continent sans Visa

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