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Le Luna Park au Parc des Eaux-Vives

Coll. Y. Plomb/notreHistoire.ch

Âgé de 22 ans, haut de 60 centimètres, le « baron Pouce » promène sa petite taille et son poids plume dans les allées du Luna-Park des Eaux-Vives, à Genève, un jour de juin 1911, en parlant « italien et un peu anglais » et en fumant « comme un sapeur barbu »*. Autour de lui – « le plus petit lilliputien connu », assure-t-on –, des constructions massives dressent leurs charpentes. Voici le Cyclone canadien, une montagne russe longue de 1000 mètres que l’on dévale à une vitesse atteignant 85 kilomètres-heure. Voilà le Water-Chute, un toboggan qui plonge dans une piscine. Voici encore les Vagues charmeuses, qui « vous transportent en plein océan grâce à une machinerie spéciale ».

Plus loin, l’Afrique mystérieuse est « la reproduction fidèle d’un village sénégalais, avec sa mosquée, son école, ses principales industries, ses mœurs ». C’est un « village nègre », selon la formule alors en usage, « fort bien installé et tout à fait pittoresque », où l’on peut observer les occupations quotidiennes d’« une troupe d’une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants ». Les « nombreux types curieux » qui peuplent ce vrai-faux village africain – parmi lesquels la presse signale des individus issus des « tribus féroces » des Maures – croisent le baron microscopique et « une foule élégante et joyeuse » dans un lieu qui apparaît comme « le plus charmant et le plus sain pour passer une très belle journée au grand air ».

Cette « merveilleuse cité magique » est baptisée « Luna-Park », empruntant un nom qui a été forgé en 1903 pour le parc d’attraction new-yorkais de Coney Island, avant d’être repris au cours des années suivantes pour désigner des lieux semblables à Paris ou Berlin. « La plupart des attractions de Luna-Park relèvent du domaine scientifique et ce ne sera pas un champ de foire. Qu’on se le dise », assure le Journal de Genève. Ouvert – avec une entrée payante – du 12 mai au 1er octobre 1911, le Luna-Park de Genève paraît en tout cas suffisamment prestigieux pour mériter les discours inauguraux du maire des Eaux-Vives, John Gignoux, et du conseiller d’État Henri Fazy, lequel vient souligner l’intérêt porté par le gouvernement cantonal « à toutes les entreprises destinées à développer l’industrie des hôtels ». Le lieu attirera jusqu’à 30’000 personnes en une journée, avant de s’effacer plus ou moins complètement de la mémoire genevoise.

Le parc avant le Park

Comment cette « cité magique » apparaît-elle ? Entre le XVIe siècle et la fin du XIXe, l’étendue de verdure qui abritera le Luna-Park est une propriété appelée « domaine de Plongeon » ou « de Plonjon ». Elle change plusieurs de fois de propriétaire, se morcelant et se recomposant en un va-et-vient multiséculaire entre 1565, l’année où Aymé Plongeon, seigneur de Bellerive, constitue le domaine, et 1896, lorsque la dernière héritière des lieux, Marie-Augustine Favre-Hava, en vend la plus grande partie à la Société de l’industrie des hôtels. Cette dernière, qui vient de se former pour promouvoir ce qu’on appelle alors l’« industrie des étrangers », réaménage la propriété et la baptise « Parc des Eaux-Vives ». Désormais, « les étrangers et la population genevoise pourront trouver en plein air et au milieu d’une splendide nature de saines distractions », annonce le président, Henri Galopin, dans son discours inaugural en 1897. « Ce parc – insiste-t-il – sera un lieu de délassement d’où seront exclues toutes attractions qui ne seraient pas saines. » Pour remplir cette promesse, le lieu propose un étang de patinage, une piste vélocipédique, un jardin alpin planté de rhododendrons, ou encore un « petit étang où les amateurs pourront se livrer aux plaisirs de la pêche à la truite ». 

Coll. Y. Plomb/notreHistoire.ch

Une année plus tard, en 1898, un groupement créé pour l’occasion, la Société anonyme du parc des Eaux-Vives, rachète la propriété et reprend l’exploitation. Sur le plan économique, l’entreprise vire à l’échec. « Le soutien moral et financier genevois fit défaut », se justifiera le Dr Bourcart, vice-président du conseil d’administration, dans une lettre ouverte publiée en 1911. « Si son administration a échoué au point de vue financier, c’est incontestablement parce que le parc a été organisé jusqu’ici trop luxueusement, d’une façon qui ne correspond pas aux besoins de la population », objectera le Journal de Genève. Parmi les tentatives de rentabiliser l’opération, on aura vu apparaître entre-temps des jeux de hasard, ainsi que les premières attractions exotiques installées en ces lieux : un Village abyssin en 1906 et une Exhibition India en 1907. La société anonyme cessera d’exploiter le parc à son propre compte et le louera au Casino Kursaal, puis à l’entreprise Luna-Park, qui s’installera en signant en 1910 un bail de dix ans.

Attractions mondialisées

D’où viennent les attractions du Luna-Park ? D’un peu partout, suivant des circuits déjà mondialisés. La Maison joyeuse (qui semble être en fait une maison hantée) a été montée en 1910 sur la Plaine des attractions à l’Exposition universelle de Bruxelles. Les Vagues charmeuses ont été créées à Coney Island en 1907 sous le nom de « Witching Waves ». Le Théâtre Tanagra, « avec sa scène lilliputienne et ses véritables danseuses qui, grâce à un effet d’optique, apparaissent hautes de 20 centimètres », s’est produit au Luna-Park de Paris, ouvert en 1909. Le Concours de bébés organisé au mois d’août, qui enregistre 600 inscriptions et qui récompense « le plus gros », « le plus gai » et « le plus parfait bébé », reprend une formule en vogue, en Suisse comme en France, depuis les années 1880. 

Coll. Y. Plomb/notreHistoire.ch

Le village africain a également déjà été vu ailleurs : c’est l’une des nombreuses mises en scène exotiques montées à cette époque par trois entrepreneurs français spécialisés dans ce type d’attraction, Jean Alfred Vigé, Aymé Bouvier et Fleury Tournier. À Genève en 1911 comme dans le Jardin d’acclimatation parisien du Bois de Boulogne l’année précédente, l’appellation habituelle de « Village sénégalais » fait place à l’intitulé « L’Afrique mystérieuse ».

Quasi-oubliés – ou refoulés de la mémoire collective – pendant près d’un siècle, ces spectacles sont étudiés depuis le début des années 2000 par une historiographie abondante, qui les désigne sous l’expression « zoos humains ». Ces exhibitions, où des groupes de personnes issues des colonies sont engagées pour vivre en continu, sous les yeux du public, une simulation de leur vie d’indigènes dans un décor censé reproduire leur habitat naturel, se rapprochent en effet du dispositif d’un jardin zoologique. Les individus « exotiques » qui peuplent ces villages y sont montrés à la fois comme des objets de curiosité, à la manière des phénomènes de foire, et comme des spécimens de la diversité d’un monde supposément sauvage de plus en plus largement soumis par l’Occident. Ils sont également des illustrations vivantes du discours à prétention scientifique qui s’élabore à cette époque en affirmant qu’il existe entre les sociétés humaines des inégalités naturelles fondées sur des différences raciales. Ces « villages » se feront rares après les années 1930. En Suisse, on en verra encore en 1925 (au Comptoir suisse de Lausanne), en 1927 et en 1930. 

Les plumes se délient

La presse romande s’enthousiasme sans réserve, ou presque, pour le Luna-Park genevois. « Jamais encore on aura vu un aussi judicieux choix de “great attractions” mondiales, installées dans un cadre aussi merveilleux », écrit le Journal de Genève. Parmi les rares voix discordantes, celle de l’écrivain et journaliste Gaspard Vallette pleure, dans son feuilleton La Vie genevoise, l’ancien aspect du parc des Eaux-Vives et « les nobles perspectives d’un coin de nature splendide » qui a été « condamné à l’appellation et aux images grotesques d’un Luna-Park ». Progressivement, ce point de vue finira par s’imposer. 

Coll. Y. Plomb/notreHistoire.ch

Fin 1911, le directeur du Luna-Park, Raoul Vançon, entre ainsi en discussion avec l’Association des intérêts de Genève, dont le président, Louis Roux, en appelle dans une lettre ouverte à « rendre au parc des Eaux-Vives une partie de son ancien aspect » et « à supprimer une partie des installations du champ de foire qui l’ont tant défiguré ». En 1912, l’entreprise qui exploite les lieux se constitue en Société anonyme du Luna-Park de Genève et nomme un nouveau directeur en la personne de Lucien Lansac, qui dirige également la salle de spectacle Apollo Théâtre à la place du Cirque. « Les innovations apportées sont des plus heureuses. L’intelligent et avisé directeur, M. Lansac, veut faire de son somptueux établissement le véritable rendez-vous des familles », commente l’hebdomadaire Lausanne-Plaisirs. Les enfants « s’amuseront tout en s’instruisant à la visite des curieuses cases du jardin zoologique, lesquelles remplacent avantageusement le turbulent village nègre de l’an dernier ». 

Ce sont finalement des difficultés financières chroniques qui viennent mettre un terme à cette brève aventure. La nouvelle mouture du Luna-Park, en 1912, s’avère en effet aussi peu rentable que la précédente. Le parc d’attractions ferme définitivement ses portes à la fin de la saison et l’année suivante, en 1913, la commune des Eaux-Vives rachète le domaine pour en faire le parc public qu’il est à ce jour. C’est seulement alors que les plumes de la presse se délient, comme dans ces formules égrenées par le Journal de Genève : « Les affreux pylônes sont arrachés. Les horribles statues en simili-bronze sont renversées. Les affiches qui salissaient la promenade ont disparu. Les échafaudages qui transformaient l’admirable jardin en une vulgaire place de foire vont s’écrouler à leur tour (…). L’absurde nom de Luna-Park, qui ne signifie rien eu aucune langue du monde, va tomber dans l’oubli. (…) Le parc des Eaux-Vives ressuscite sous le soleil dans le chant des oiseaux et le murmure des fontaines. » ■

Références

* Toutes les citations (entre guillemets) sont extraites d’articles de la presse romande des années 1911-1913, consultables en ligne
1. Archives en ligne du Journal de Genève et de la Gazette de Lausanne sur www.letempsarchives.ch
2. Archives en ligne de la presse vaudoise sur scriptorium.bcu-lausanne.ch  
3. Jean-Michel Bergougniou, Remi Clignet et Philippe David, « Villages noirs » et autres visiteurs africains et malgaches en France et en Europe : 1870-1940, Paris, Karthala, 2001
4. Nicolas Bancel, Thomas David et Dominic Thomas (sous la direction de), L’invention de la race. Des représentations scientifiques aux exhibitions populaires, Paris, la Découverte, 2014
5. Patrick Minder, «Les zoos humains en Suisse», in Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boetsch, Eric Deroo et Sandrine Lemaire (sous la direction de), Zoos humains et exhibitions coloniales. 150 ans d’inventions de l’Autre, Paris, La Découverte, 2011

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Le Luna-Park des Eaux-Vives, une série de cartes postales de la collection Y. Plomb

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Manifestation de saisonniers

Photo P. Dumoulin, coll. Collège du travail/notreHistoire.ch

Nous sommes le 22 mars 1961. La scène est non loin de la gare Cornavin, à Genève, devant le bâtiment du syndicat FOBB (bois et bâtiment), organisateur de la manifestation. Les pancartes portent les revendications des travailleurs saisonniers sur le logement. « Nous, ouvriers italiens, exigeons : un lit, une table, une chaise – est-ce trop demander ? » Cette image illustre toute l’ambiguïté du mouvement syndical, en ce temps-là, face aux travailleurs étrangers : solidarité, mais pas trop ! Deux ans plus tôt, la même FOBB organisait devant la même gare Cornavin une manifestation protestant contre l’arrivée des saisonniers italiens « qui venaient manger le pain des chômeurs ». Ils sont là, maintenant, et revendiquent avec la bénédiction du syndicat. Il y a comme un progrès.

Certes limité, le contenu revendicatif expose un problème réel. La réglementation suisse interdit au saisonnier de louer par lui-même un appartement (sur ce marché tendu, on veut protéger les indigènes de la concurrence importée), mais elle oblige l’employeur à lui fournir un logement. Les patrons découvriront vite que ce marché contraint peut se révéler juteux. Ils entassent leurs obligés dans des bâtisses insalubres en attente de démolition, ou dans ces baraquements de bois qui, clôture de fil de fer aidant, donneront bientôt un petit air concentrationnaire à certains secteurs de la périphérie genevoise.

Le quotidien des saisonniers, un reportage de Temps Présent de 1980.

Coll. archives de la RTS/notreHistoire.ch

Plus tard, on verra des entrepreneurs construire des sortes de casernes en parpaing, sommairement équipées et plus sommairement encore meublées, mais au rendement locatif supérieur à celui d’un immeuble de haut standing. Le syndicat ne peut que soutenir la lutte des saisonniers contre l’exploitation liée au logement. Mais la solidarité ne va guère plus loin.

Les rapports de travail avant les familles

Pas question de contester, sur le fond, le statut inférieur et marginalisant fait à ces collègues porteurs du permis A, ce ticket d’entrée dans la machinerie fédérale de l’immigration. Le « statut de saisonnier » est constitué d’un ensemble de règles, principalement des interdictions, dispersées dans des textes obscurs, voire non publiés, émanant parfois en tout arbitraire des administrations. Elles intéressent le syndicat à des degrés divers.

L’interdiction du regroupement familial, par exemple, reste hors champ. Le syndicalisme des années 1960, encore très corporatif, ne s’intéresse qu’aux relations de travail. Il ne se pense pas comme une organisation de service à ses membres, et répugne à sortir du domaine strictement professionnel – l’entreprise, le métier.

L’interdiction de passer plus de neuf mois en Suisse par année, tout le monde est conscient que sur une place comme Genève, c’est du pipeau. Personne ne la respecte, dans le bâtiment, si bien que les saisonniers exercent forcément, pendant trois mois, une sorte de concurrence déloyale qui fait pression sur les salaires de la branche. Mais, après tout, cela vaut mieux que le chômage technique par manque de personnel.

Manœuvre tu es venu, manœuvre tu resteras !

Le gros enjeu, c’est l’interdiction de la mobilité professionnelle. Un vrai tabou, à l’époque, pour les dirigeants syndicaux. Un saisonnier ne peut changer ni de poste de travail, ni d’employeur, ni de métier durant la saison. Cela garantit aux paysans comme aux cafetiers ou aux entrepreneurs une main d’œuvre ne pouvant pas s’échapper vers l’industrie, qui paie mieux. Dans le bâtiment, cela protège de la concurrence des saisonniers les professionnels bien formés – grutiers, ferrailleurs, conducteurs d’engins, qui sont en général Suisses ou porteurs de permis C. Manœuvre tu es venu, manœuvre tu resteras ! Du point de vue syndical, c’est problématique, parce que la promotion des travailleurs dans leur ensemble est une exigence de base. Mais dans les instances syndicales, les saisonniers pèsent encore très peu, autant dire rien.

Les positions et la pratique de la FOBB changeront au milieu des années 1970 avec l’arrivée du Tessinois Ezio Canonica à la tête du syndicat. Ce sera une vraie révolution, dans un contexte renouvelé sur le plan politique en Suisse (décrue des initiatives anti-étrangers) et à l’étranger (Italie, Espagne). Mais ceci est autre histoire. ■

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Le statut de saisonnier, une série de reportages de la RTS

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Turbine Kaplan ACMV

Peut-être une vocation de futur ingénieur... lors des Journées portes ouvertes aux ACMV, en octobre 1966.

Coll. R. Briol/notreHistoire.ch

Les Ateliers de constructions mécaniques de Vevey (ACMV) ont commencé leur aventure industrielle en réparant des machines agricoles et en fabriquant des roues de moulins. C’était en 1842, lors de la fondation des Ateliers par Benjamin Roy. Profitant de la force hydraulique de la Veveyse et de la construction de la gare ferroviaire de Vevey à deux pas, l’entreprise fabriqua par la suite, comme le précise le Dictionnaire historique de la Suisse, des machines pour le percement du tunnel du Gothard, des turbines pour des centrales hydro-électriques, des ponts polaires pour les centrales nucléaires françaises, des réservoirs de méthaniers aux Etats-Unis, des tracteurs agricoles, des trolleybus et des charpentes métalliques. C’est ainsi que durant un siècle et demi, les Ateliers ont fait la fierté de la ville de Vevey.

En 1962, l'ingénieur Gilbert Crisinel travaille sur les plans des turbines de la Grande Dixence.

Coll. J.-P. Crisinel/notreHistoire.ch

Les ACMV furent modernisés et agrandis en 1962. C’est à cette époque que pose Gilbert Crisinel, ingénieur, qui travaille sur le plan d’une turbine hydro-électrique destinée au barrage de la Grande Dixence, selon les souvenirs de son fils. L’ingénieur est assis devant sa table à dessin, outil indispensable à l’époque pour le dessin technique, l’architecture et le graphisme. La table à dessin permettait en effet de tracer des droites parallèles et perpendiculaires de manière facile et surtout précise, grâce à un bras articulé équipé d’un contrepoids favorisant le déplacement de l’équerre. L’avènement de l’informatique sonnera le glas de cet outil.

Gilbert Crisinel travaille sur une turbines Pelton, celles utilisées à la Grande Dixence. Les ACMV fabriquent également des turbines Kaplan. Quelle est la différence entre elles ? Facile à reconnaître: la Kaplan possède des hélices orientables, alors que la Pelton possède des augets, ces petits bacs que l’on distingue sur tout le pourtour de la roue. La turbine Kaplan est utilisée dans le cas de fort débit ou de faible hauteur de chute, tandis que la turbine Pelton est utilisée pour de hautes chutes avec un faible débit d’eau.

Les ACMV construisent la Halle Inox en 1919 pour répondre aux importantes commandes de turbines. Avec son architecture remarquable, c’est la vitrine des ACMV. Elle est visible par tous les voyageurs qui passent en train par Vevey.

En 1973, la Halle Inox ne sert plus au montage des turbines mais à la chaudronnerie inoxydable, ce qui lui vaudra son surnom de Halle Inox. Malgré plusieurs tentatives de sauvetage, les ACMV sont mis en faillite en 1992, comme de nombreuses entreprises du secteur industriel touchées par la récession des années 1990, et la Halle Inox est laissée à l’abandon. Aujourd’hui, il ne subsiste que cette Halle Inox des ACMV, tout le reste ayant été rasé pour construire des logements. Cette salle perpétue le souvenir du prestige industriel veveysan. Il faudra attendre un quart de siècle pour que ce patrimoine classé monument historique soit réhabilité. La Halle Inox accueille désormais des lofts et un restaurant dénommé… « Les Ateliers ». On ne saurait faire plus simple. ■

Références

1. Article Les Ateliers de constructions mécaniques de Vevey, dans le Dictionnaire historique de la Suisse
2. Sur la turbine Kaplan, article de Wikipedia
3. Sur la rénovation de la Halle Inox, un article de 24 Heures

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Dans les Ateliers de constructions mécaniques de Vevey, une série de photographies

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Grand Jour devant les Trois Tours

Coll. G. Hande/notreHistoire.ch

Une famille pose devant le photographe, à l’occasion d’une première communion, à Fribourg. Mais c’est un détail en arrière plan qui nous intéresse. Le punctum, pour reprendre le terme de Roland Barthes, c’est l’inscription sur la façonnage du bâtiment. On y lit en grosses lettres, « Rois Tou », il s’agit en fait de « Trois Tours ».  Mais que sont ces « Trois Tours » au-delà de la représentation héraldique de la ville de Fribourg ? Les « Trois Tours » ont été durant près d’un siècle le grand magasin incontournable de Fribourg, sorte de Galerie Lafayette sur Sarine. Le photographe fribourgeois Jacques Thévoz a d’ailleurs documenté le lieu par de très beaux portraits au moment des soldes.

C’est en 1919 que la succursale fribourgeoise des magasins « A la ville de Paris », implantés également à Langnau-Langenthal, Aarberg, Frutigen et Zweisimmen devient « Les Trois Tours ». Ce changement de nom est dû à Isodore Nordmann, époux d’Alice Bloch dont la famille a prospéré dans le commerce de détails. Il faudra attendre 1976 pour un nouveau changement de nom, les « Trois Tours » devenant « La Placette », puis, en 2001 « Manor » dans un bâtiment entièrement transformé, maintenant sans fenêtre et dont la façade est hérissée de blocs, sorte d’écailles d’acier.

Revenons au premier plan. Cette photo de famille suscite plusieurs hypothèses et interrogations.

A l’occasion de la première communion de Robert Corpataux Jr, toute la famille se réunit pour immortaliser l’événement. Dans un canton catholique, cette fête est un rituel de passage primordial et on se doit d’en garder un souvenir. Toutes et tous, jeunes et plus vieux, ont mis leurs habits du dimanche. Ce qui est étrange, c’est qu’en face des « Trois Tours » se trouve un temple protestant. Pourquoi a-t-on décidé de prendre cette photo à cet endroit ? Autre interrogation. Le cadrage de cette photo de groupe a été fait en hauteur, depuis une esplanade. Pourquoi n’avoir pas plutôt fait la photo devant l’église catholique dans laquelle s’est déroulée la communion ? Ces suppositions demeureront sans réponses et participent au mystère de cette belle image qui, malgré l’amateurisme de son cadrage, véhicule une émotion sincère. ■

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Les grands magasins de Suisse romande

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